entretien avec Nicolas Larzillière du blog Potager durable

Connaissez le blog Potager durable ? Aujourd’hui, je vous propose un format intéressant extrait de ma formation vidéo « Identifier et lutter naturellement contre les nuisibles au potager ». Dans cette formation et plus particulièrement dans le module 4, je m’entretiens par vidéo avec plusieurs blogueurs sur leurs méthodes et approches envers ce qu’on considère, en tant que jardinier, comme étant des insectes indésirables, des ravageurs etc … J’ai tellement adoré notre entrevue avec Nicolas Larzillière que j’ai décidé de l’extraire de la formation afin de la partager avec le plus de monde possible 😉

La vidéo de l’interview de Nicolas Larzillière potager durable

+ Les liens utiles abordés dans la vidéo …

  1. Le cours vidéos de Nicolas « Adopter la permaculture au potager »

Transcription texte de l’interview

Yannick Hirel : Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo dans laquelle, j’ai le plaisir de recevoir Nicolas Larzillière du blog Potager durable. Salut Nicolas …

Nicolas Larzillière : Salut Yannick et merci de m’accueillir sur ton blog.

Yannick Hirel : Avec plaisir ! Pourrais-tu éventuellement te présenter toi et ton blog, ta méthode de jardinage, depuis quand tu jardines etc ?

Nicolas Larzillière : Bien sur … Alors moi J’ai un blog potager durable sur lequel, j’essaie de donner des conseils pour cultiver des légumes bios. Je propose également pas mal de conseils d’organisation parce que personnellement, c’est un peu mon dada. J’aime bien planifier et organiser mes saisons. Pour les personnes qui me suivent depuis un moment, ils peuvent voir mon cheminement par rapport au sol vivant parce qu’au début, je cultivais un peu comme tout le monde avec la bêche en retournant la terre. Ensuite, je suis passé à la grelinette et depuis environ un an, j’essaie d’éviter complètement le retournement du sol afin d’avoir un sol le plus vivant possible et d’avoir une terre qui se fertilise d’elle-même, on dit auto-fertile entre guillemet, si tu vois ce que je veux dire …

Yannick Hirel : Oui, tout à fait … Tu essaie de travailler dans le sens de la nature en recopiant les systèmes forestiers, c’est ce que tu essaie de reproduire dans ton potager au final ?

Nicolas Larzillière : C’est ça ouais … Sinon, cela fait assez longtemps que je jardine. Mes parents avaient un potager, une fois que j’ai eu une maison avec un jardin, j’ai fait un potager biologique aussi. Ce qui fait une bonne vingtaine d’année que je jardine bio et petit à petit, j’évolue vers la biodiversité, la permaculture un petit peu etc …

Yannick Hirel : Tu as une solide expérience de jardinier en amont qui te permet d’explorer d’autres facettes tels que la permaculture, le jardinage biologique. Et justement sur ce point, comment tu te qualifies plutôt permaculteur ou jardinier bio ?

Nicolas Larzillière : Et bien un petit peu des deux car, je ne suis pas « intégriste » de la permaculture comme certains. Je mélange les différents approches. En faite, j’ai une approche assez pragmatique car, je regarde ce qui marche dans mon lieu, dans mon potager et je prends le meilleur de chaque côté donc, s’il y a des choses qui fonctionnent en permaculture, je vais les prendre tels que la couverture du sol, le non travail du sol … Ensuite, s’il y a des choses qui marchent mieux en bio, je vais les prendre et les adapter.

Yannick Hirel : Tu fais donc un mélange de toutes les méthodes, c’est un peu comme cela que je fonctionne aussi. Au début, j’avais plus une orientation de jardinier biologique et en découvrant la permaculture, c’est vrai qu’il y a des facettes intéressantes à intégrer dans le potager. Je suis donc un peu comme toi sur ce côté là. Sinon, on sait qu’il n’y a rien de vraiment nuisibles dans la nature, mais de ton côté, quelle est ta vision sur ces insectes qu’on qualifie souvent d’indésirables au jardin-potager ?

Nicolas Larzillière : Et bien … Ce qu’on appel nuisibles, ravageurs ou indésirables, effectivement, ils s’attaquent à nos cultures mais, dans la nature, on ne peut considérer aucun animal comme nuisible. De plus, ce ne sont pas les animaux entre eux qui se considèrent comme nuisibles au jardin-potager. C’est l’humain qui va les qualifier ainsi, parce que l’humain se sent supérieur par rapport aux insectes et tout ça. Pour moi, il n’y a aucune raison d’accuser des espèces d’animaux comme une gène ou pas. Je me suis d’ailleurs amusé à faire une petite liste des différents ravageurs au potager, il y en a plusieurs … Les doryphores, les chenilles en passant par les limaces, les pucerons ou encore des animaux plus gros tels que les campagnols ou des ragondins, j’en ai par chez moi qui ont fait des dégâts cette année mais au total, j’en ai listé pas plus d’une vingtaine et, à côté de ça, lorsqu’on met en parallèle la liste de tous les insectes et animaux utiles (hérissons, coccinelles etc …). Là on en trouve énormément, ce n’est pas une vingtaine mais des centaines et des centaines. De ce fait, quand on fait la balance entre les deux et bien … les nuisibles, il n’y en a pas tant que ça au final.

Yannick Hirel : De plus, chaque insecte et animaux a une fonction écologique propre à lui-même. Comme tu le dis, si on prends les rongeurs etc … Leurs fonctions peut être dans la nature d’aérer le sol alors quand tant que jardinier biologique nous ne les voyons pas (toujours) sous cette angle là.

Nicolas Larzillière : Tout à fait et la conclusion de tout ça, c’est qu’il y a un nombre beaucoup plus important d’insectes utiles que de nuisibles. Et le but, pour toutes personnes qui souhaitent faire un potager biologique, c’est d’attirer l’ensemble de ces insectes utiles dans son potager. Tu vois, c’est ça le but …

Yannick Hirel : Justement pour attirer toute cette faune, afin d’établir cet équilibre naturel. Tout à l’heure tu parlais de la biodiversité et du coup, comment tu t’y prends pour favoriser l’ensemble des espèces qui viennent et trouvent refuge dans ton jardin ? Que ces insectes soient bons ou mauvais ?

Nicolas Larzillière : Dans un premier temps, j’aimerai distinguer entre le jardin et le potager car, ce n’est pas tout à fait pareil. Au niveau du jardin, j’essaie d’avoir une diversité d’arbuste très grande dans ma haie parce que je vois des voisins qui ont une haie de thuya, très monotone. Personnellement, j’appelle ça du béton vert alors que pour ma part, j’ai fait une haie d’arbustes complètement diversifié, il n’y en a pas deux pareils. J’en ai choisis qui fleurissent à différents moments de l’année avec des persistants, des caduques, qui perdent leurs feuilles etc … Pour rester dans le jardin, j’essaie toujours d’avoir au fond du jardin une zone sauvage dans laquelle, je ne tond pas l’herbe, je laisse la nature se développer. Dans ces herbes folles, il y a tout un tas d’espèces qui viennent se nicher ou se développer. Si nous prenons un exemple issus de la nature, ce serait celui des prairies naturelle, je ne sais pas si tu en as déjà vu ?

Yannick Hirel : Si tout à fait …

Nicolas Larzillière : Et bien dans une prairie naturelle, les scientifiques ont recensé près de trois cent espèces de plantes sur plusieurs m². Dans nos jardins amateurs si on se borne à ne cultiver que quelques fleurs et arbustes, nous en sommes très loin.

Yannick Hirel : Tout à fait, il faut diversifier les végétaux.

Nicolas Larzillière : Exactement ! Après si on fait un zoom sur le côté potager biologique, ce que j’ai mis en place depuis 2-3 ans, au lieu de cultiver mes légumes en rangs, je me suis mis à cultiver mes légumes dans le désordre. Concrètement, au lieu de planter un rang de poireaux et bien je vais mettre un poireau par-ci, un autre par-là … j’intercale avec des aromatiques, de l’aneth, du basilic, des plantations de tomates etc … Je vais essayer de recréer le mélange qu’on trouve dans la nature mais, sur mes planches de potagers avec des légumes, des aromatiques mais aussi des fleurs parce qu’elles ont un grand rôle à jouer également. Ce qui se rapproche un peu de la permaculture mais je laisse également se développer les mauvaises herbes entre mes légumes. Je ne vais les couper que si ces herbes prennent le dessus sur mes légumes.

Yannick Hirel : D’accord et étant donné que certaines plantes sauvages sont comestibles, tu pars aussi dans ce sens ? C’est à dire de les laisser se développer pour les consommer ensuite ?

Nicolas Larzillière : Alors je commence justement à m’y intéresser, on peut consommer du plantain, de l’ortie bien que je ne l’aime pas trop au potager car, ça pique et ça fait des racines qui envahissent un peu. Sinon cet été comme il a fait très sec, j’ai eu du pourpier qui est une superbe source d’oméga 3.

Yannick Hirel : Effectivement et en plus de cela, ce n’est vraiment pas mauvais, j’ai déjà eu l’occasion d’en goûter. Du coup, de ton côté, tu diversifie complètement les végétaux pour reproduire la nature. Exactement comme je l’explique dans la formation pour gérer les nuisibles. L’idée est justement de laisser la nature s’installer tout en laissant une zone sauvage se développer. Il va y avoir une multitude de plantes qui vont se développer, améliorer naturellement le sol. Et qui vont permettre d’abriter une certaine faune. C’est ce que tu fais avec tes mélanges de légumes au final ?

Nicolas Larzillière : C’est exactement comme tu le dis, cela abrite une certaine faune et cette faune (pour la plupart) sont les prédateurs des insectes nuisibles qu’on parlait tout à l’heure.

Yannick Hirel : Et dans ton approche, lorsqu’une attaque assez sévère se produit, par exemple de pucerons, de punaises ou autre … Que tes plantes sont vraiment attaquées, dans ce cas, quelle est ta stratégie entre guillemet, ton approche ?

Nicolas Larzillière : Il y a quelques années, je faisais un peu comme tout le monde, j’utilisais des granulés bleus contre les limaces. Mais le souci avec cette méthode, c’est que ces granulés vont tuer toutes les limaces d’un coup et qu’est-ce qui va se passer ? Et bien un déséquilibre va se créer parce que la limace a également un rôle à jouer dans le potager, elle a un rôle de nettoyeur et pour que la chaine alimentaire fonctionne et bien il faut toujours un certain nombre de limaces présentent, elles vont ainsi pouvoir remplir leurs fonctions écologiques et elles-même servir de nourriture à d’autres insectes tels que les carabes etc … Ce qui forme un équilibre et désormais, j’ai complètement arrêté d’utiliser les granulés. Depuis que j’installe la biodiversité et bien j’ai beaucoup moins d’attaques, parce que ce que j’essaie de faire … c’est de travailler avec la nature et d’arrêter de travailler contre elle.

Yannick Hirel : Ce sont exactement ces principes que je partage dans ma formation. Donc désormais, tu essaie de réduire tes interventions et lorsqu’il y a des déséquilibres, tu essaies de prévenir au final.

Nicolas Larzillière : Alors avant de prévenir, j’essaie d’observer … Par exemple lorsque je constate une attaque. Je regarde si la plante arrive à se défendre seule ou pas, si cela est une grosse attaque ou pas. Suivant la gravité, je vais soit prendre des mesures. Ou alors décider de ne rien faire mais par choix, tu vois ? De me dire que cela n’est pas grave et que cela va passer tout seul. Si nous prenons l’exemple de la piéride du choux, là je vais faire un ramassage manuel. Je ne vais pas mettre de produit ou traiter, je vais simplement ramasser les chenilles ou les oeufs. S’il s’agit de pucerons qui se trouvent sur les fèves, je vais attendre un peu, voir s’il y a des larves de coccinelles, sinon je vais mettre des gants et les retirer moi-même à la main. Ou bien, je vais prendre un jet d’eau pour le passer sur les pucerons afin de les faire tomber par terre et une fois au sol, ils ne remontent plus sur la plante.

Yannick Hirel : C’est une bonne idée ça … On n’y pense pas souvent d’ailleurs ! Personnellement, je n’utilise aucun produit même fait maison. Mais, généralement on pense pour les pucerons au savon noir alors qu’un jet d’eau suffit.

Nicolas Larzillière : C’est ça oui … Comme parfois, je ne fais rien du tout en laissant la plante se défendre seule. Tout en laissant les auxiliaires faire leur boulot. De même, un détail que je n’ai pas abordé c’est que j’attache une grande importance au sol vivant afin que ce dernier soit plein de vers de terre, de bactéries etc … car cet ensemble joue sur la santé des légumes. Car des légumes qui poussent dans un sol vivant vont beaucoup mieux résister par rapport aux plantes booster à l’engrais. Elles seront donc plus résistantes aux maladies et aux attaques de nuisibles au final.

Yannick Hirel : Tout à fait, je comprends bien ta façon de faire et de voir les choses. De ton côté, est-ce que tu fais des bilans de tes saisons ? Imaginons qu’une année, il y a une grosse attaque de pucerons ou autre. Au delà du ramassage manuel, est-ce que l’année suivante, tu vas davantage créer des abris pour les auxiliaires ou rien de plus ?

Nicolas Larzilière : Oui bien sur, ce n’est pas des bilans formels. Mais tout à fait, je me rappel de ce qui a marché ou pas pour les saisons suivantes. Mon jardin-potager est assez sauvage, surtout si on compare par rapport à celui des voisins. J’ai donc déjà beaucoup de ce côté-là. Ensuite, ce que je vais essayer de faire, c’est de mettre en place de la prévention. De ce côté-là, il y a plusieurs façons de faire … Dans un premier temps, je vais intercaler les plantes répulsives au milieu des cultures. Ces plantes vont permettre de troubler l’ennemi. Comment cela fonctionne ? Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un insecte nuisible va repérer les légumes via son odorat et leur forme. De ce fait, si on intercale entre les légumes des plantes plus hautes ou possédant une odeur plus forte. Cela va complètement troubler les insectes. Si nous prenons un exemple … avec les choux, entre cette culture, je vais faire pousser de l’aneth, qui est assez haute et odorantes ainsi que des cosmos. Je ne sais pas si tu connais ?

Yannick Hirel : Si bien sûr …Mais alors tu n’utilises jamais de filets anti-insectes car c’est très souvent ce qu’on préconise pendant les périodes de pontes.

Nicolas Larzillière : Alors non, je préfère axer sur l’odorat des plantes aromatiques tels que le basilic, la coriandre, l’aneth …

Yannick Hirel : Le thym également …

Nicolas Larzillière : Des légumes très faciles à intercaler, c’est la famille des Alliacées. L’ail, l’oignons, l’échalottes qui sont des légumes unitaires qu’il est possible d’intercaler un peu partout dans le potager bio. Il ne faut pas non plus oublier les fleurs tels que les oeillets d’Inde, la bourrache, la tanaisie etc …

Yannick Hirel : C’est ça effectivement, c’est grâce à la diversité des végétaux que tu arrives à attirer toute la faune (nuisibles ou auxiliaires). Ce qui permet de les équilibrer entre eux.

Nicolas Larzillière : C’est ça oui … Mais imaginons qu’une année, j’ai des pucerons. Et que je n’arrive pas spécialement à attirer les prédateurs naturels, je vais installer des plantes martyres. Le meilleur exemple reste la capucine qui attire les pucerons de manière incroyable.

Yannick Hirel : Tu axes beaucoup sur un ensemble de technique dans tes moyens de lutte. Alors jusqu’ici, nous avons abordé déjà beaucoup de nuisibles. Pourrais-tu nous dire ceux qui t’ont donné le plus de fils à retordre dans ton potager ? Et comment as-tu réussi à réduire leurs dégâts ?

Nicolas Larzillière : Pour ma part, ce sont plus les escargots que les limaces. De ce côté-là, je mets en place des protections physiques qui ne sont pas des filets. Ce sont simplement des bouteilles en plastiques d’eau minérale, que je découpe en haut et en bas. Afin de ne conserver que la partie centrale de la bouteille. Je replie les coins ce qui donne des sortes de collerettes que je vais poser sur chaque plant de salades en repliant les bords vers l’extérieur. Ce qui va empêcher les escargots (ou les limaces) d’entrer. Et de manger les jeunes plants de salades car je consomme des laitues et salades toute l’année.

Yannick Hirel : Ce n’est pas idiot ça …

Nicolas Larzillière : Je ne les laisse que quelques semaines car, une fois le plant bien développé. Les escargots ou les limaces ne s’y intéresse plus.

Yannick Hirel : Effectivement, les limaces et escargots ne s’attaquent qu’aux plantes les plus jeunes. Car, bien plus tendre et simple à dévorer.

Nicolas Larzillière : Après les attaques auxquelles j’ai été confronté. C’est la piéride comme je le disais juste avant, ici je fais un ramassage manuel. Les pucerons se régulent tout seul depuis que j’ai mis en place la biodiversité. Par contre, depuis quelques années, j’ai été très embêté par les punaises sur mes tomates. Et je ne sais pour toi mais, j’ai reçu beaucoup de messages de lecteurs et lectrices sur ce phénomène.

Yannick Hirel : Effectivement, j’en ai eu aussi cette année et j’ai reçu également pas mal de mail sur ce point. Personnellement, je pense que le ramassage manuel reste la meilleure méthode face aux punaises afin de réguler cette population car, il n’y a pas vraiment de prédateurs naturels au final … Alors certains préconisent la terre de Diatomée mais je ne sais pas si cela est vraiment efficace.

Nicolas Larzillière : Le souci avec le ramassage manuel, j’avais aussi commencé par ça en début de saison, en juillet mais après, j’ai eu le malheur de partir deux semaines en vacances et après il y avait des punaises adultes partout … Conclusion, il ne faut pas partir en vacance. Dans l’idée de la permaculture,  à chaque fois qu’on est confronté à un problème, c’est d’essayer de trouver le prédateur. Personnellement, je n’ai pas encore trouvé de prédateurs à la punaise.  Même les maraichers biologiques sont embêtés de plus en plus avec ces insectes. Car avec le réchauffement climatique, c’est un insecte qui monte de plus en plus vers le nord. Et même niveau lutte biologique, des scientifiques y travaillent mais pour le moment, ils n’ont pas vraiment trouvé de solution.

Yannick Hirel : Tout à fait, après, il y aussi les moyens de lutte intégrées. Mais personnellement, je ne suis pas trop pour ce genre de choses. C’est donc encore des recherches à réaliser du côté du potager.

Nicolas Larzillière : Sinon, je pensais qu’il faudrait trouver une sorte de plante martyre. Par exemple, si une année je me rends compte que les punaises vont uniquement sur tels variétés de tomates. L’année suivante, je vais probablement planter plus de cette variété non pas pour les consommer. Mais justement pour détourner les punaises de mes autres pieds de tomates.

Yannick Hirel : Exactement quitte à les sacrifier et c’est justement les principes de la permaculture et du jardinage naturel, ce n’est pas grave pour ces récoltes mais il faut toujours semer ou planter plus que ce qu’on récolte.

Nicolas Larzillière : Tout à fait parce qu’on arrive jamais à tout maitriser au niveau des ravageurs. Par exemple la mineuse du poireaux, il y a des années où ça va bien et d’autres où il y en a un petit peu. Dans ce cas, ce n’est pas grave, je laisse faire. Et je pars du principe qu’à partir du moment où nous souhaitons faire un potager biologique, il faut accepter d’avoir quelques pertes. C’est ce que j’appelle la part de la nature, je tolère environ 20 % de perte. Si je repique 10 salades, je suis déjà content d’en récolter 8.

Yannick Hirel : C’est ça au final et c’est généralement la moyenne. Si on reprends les maraichers, ils me disaient que dans un jardins-potagers amateurs avoir entre 70 et 80 % de réussite, c’est tout à fait convenable.

Nicolas Larzillière : Tu as raison, il vaut mieux tourner sur l’angle de la réussite …

Yannick Hirel : Du coup, je voulais finir sur un petit point car, j’ai vu dernièrement que tu avais créé un cours vidéos sur la permaculture. Et je pense que cela pourrait intéresser nos auditeurs. Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur ce cours ? Ce qu’on peut trouver dedans ? L’approche générale ? etc …

Nicolas Larzillière : Bien sûr alors, cela permet d’élargir un peu le thème qu’on vient d’aborder … qui est de gérer les nuisibles dans le potager. En faite, c’est le dernier cours en vidéos que j’ai sortie. Il s’appelle « adopter la permaculture au potager » et l’idée est d’apprendre aux jardiniers qui ont déjà un potager, qui cultive de manière classique, de leurs montrer comment il est possible de passer de ces pratiques de jardinage entre guillemet conventionnelle à une pratique qui soit 100 % respectueuses de l’environnement. Parce que je connais pleins de gens qui souhaitaient se mettre à la permaculture. Mais sans savoir par où commencer dans le potager. De ce fait, j’ai essayé de faire un cours hyper pratique, qui montre étape par étape comment transformer un potager classique en un potager qui respecte complètement les principes de la permaculture.

Yannick Hirel : D’accord.

Nicolas Larzillière : Cela passe donc par plusieurs thèmes tels que la création de zone fertile qui vont accueillir la biodiversité. Cela peut être des planches de cultures sur lesquels nous allons à la fois produire et recycler. Car, nous allons mettre une couverture du sol permanente, un paillage permanent qui va améliorer le sol au fur et à mesure. L’objectif est d’avoir un potager avec moins ravageurs. Moins de nuisibles grâce à toute cette synergie de plante. Car, le but est aussi de fournir moins d’effort en laissant la nature travailler à notre place. Les vers de terre sont de super travailleurs du sol, les auxiliaires etc … Et ce que j’explique dans ce cours, c’est qu’il vaut mieux réduire la taille de potager pour se faciliter le travail. De planter les légumes de manière plus dense. Et d’intercaler les légumes entre eux pour au final obtenir la même production qu’avant mais avec moins d’effort.

Yannick Hirel : D’accord, donc tu ne touche plus du tout au sol ?

Nicolas Larzillière : C’est ça oui, plus de traitement non plus, on se focalise uniquement sur les légumes de saison. Ce qui permet de récolter des légumes mieux que bio. Parce que dans le potager biologique, la bouillie bordelaise est utilisée alors qu’on sait que c’est mauvais pour le sol. Alors qu’avec les techniques que tu enseignes et que j’enseigne également, on se retrouve avec des légumes mieux que bio.

Yannick Hirel : Tout à fait et d’ailleurs j’insiste beaucoup sur ce point. Dans ma formation j’aborde les purins, les décoctions etc … mais comme je le dis, à terme cela peut créer des pollutions locales à terme et de même, lorsqu’on régule nous-même un ravageur, à mon sens, on retarde aussi l’installation d’un équilibre naturel car sans ravageurs, les auxiliaires ne peuvent pas venir s’installer. Alors ton cours de permaculture est un excellent complément car, il axe sur la biodiversité etc … Si je peux me permettre, est-ce que je pourrais mettre un petit lien vers ton cours sous la vidéo ?

Nicolas Larzillière : Oui bien sûr, pas de souci.

Yannick Hirel : Est-ce que tu avais d’autres choses à ajouter sur ce qu’on a aborder aujourd’hui. Ou sur ton cours de permaculture éventuellement ?

Nicolas Larzillière : Oui juste pour finir, je suis quelqu’un de très pratique au pratique. Il y a peu de théorie que ce soit sur mon blog ou dans le cours vidéos. Il y en a un peu mais c’est surtout de la pratique. Je guide les jardiniers biologique en montrant ce que je fais. De plus, je ne montre que des choses que j’ai fait moi-même et qui viennent de mon expérience personnelle. C’est du concret et l’idée est d’obtenir des résultats.

Yannick Hirel : Ok, c’est donc vraiment issus de ta propre expérience. C’est ce qui est intéressant car, c’est aussi très inspirant pour tes lecteurs et lectrices. Personnellement, j’adore ton blog, j’y vais assez régulièrement. Et j’ai aussi eu l’occasion de lire tes différents ouvrages et je recommande très sincèrement. Si vous nous écoutez, n’hésitez pas à aller faire un petit tour sur le blog de Nicolas, à regarder aussi ses différents livres etc … car il y a vraiment des mines d’informations qui pourraient vous aider. Je ne sais pas si tu as encore des choses que tu aimerais aborder ?

Nicolas Larzillière : Et bien, normalement, je crois qu’on a fait le tour …

Yannick Hirel : Super ! Je voulais également te remercier d’avoir accepter mon invitation, ma demande. C’était vraiment très intéressant.

Nicolas Larzillière : Merci à toi aussi et à bientôt

J’espère sincèrement que cet entretien vous aura intéressé … Vous pouvez laisser un petit commentaire ci-dessous si vous le souhaitez 😉