La nature sait se réguler seule, et a instauré pour cela des prédateurs et des proies. On l’observe facilement dans le règne animal et il en est de même chez les insectes ! En permaculture, la lutte biologique s’inspire des mécanismes de régulation de la nature. Et elle permet de lutter contre les ravageurs naturellement en limitant nos interventions. Cela passe par un écosystème qui saura en mesure de s’auto-gérer, régulant ainsi la présence et les dégâts des dits « ravageurs » dans le langage du jardinier bio. Bien entendu, tout dépend également du seuil de tolérance propre à chaque jardinier et je peux parfaitement comprendre qu’on puisse rager contre certains indésirables qui viennent de délecter de nos récoltes car, après tout, on fait un potager pour avoir des fruits et légumes à récolter …
Qu’est-ce que la lutte biologique ?
La lutte biologique est une technique de lutte naturelle contre, ce qu’on qualifie dans le jardinage de « nuisibles » qui viennent ravager les jardins-potagers : Par exemple, les limaces, certains insectes, les nématodes, les pucerons, les altises et bien d’autres encore … Mais elle permet aussi de lutter contre les potentiels maladies tels que l’oïdium, le mildiou, l’alternariose, la nécrose apicale etc … ainsi que de réguler le développement des « mauvaises herbes » grâce à des organismes vivants dits “antagonistes”, que nous pouvons aussi nommer « Agents de lutte biologique ».
De ce fait, la lutte biologique s’appuie sur l’utilisation de prédateurs naturel du ravageur en question, d’agents pathogènes, d’herbivores ou de parasitoïdes pour venir à bout, ou devrais-je dire réguler la présence et les dégâts des indésirables. Ceci sans utiliser de pesticides ou de produits de synthèse.
Les avantages de la lutte biologique
Comme nous l’avons évoqué, l’un des plus gros avantages de la lutte biologique est d’éviter l’utilisation de produits chimique. Elle permet ainsi de faire cohabiter tous les organismes vivants du jardin sans en éradiquer mais plutôt en cherchant à construire un équilibre naturel et bien entendu, tout en construisant un lieux dans lequel, nous (les jardiniers) allons également pouvoir obtenir des récoltes car, tout de même, l’idée première d’un potager reste de récolter ! … Ce qui permet au final de maintenir leur population en dessous du seuil à partir duquel certains pourraient devenir “indésirables” et par conséquent avoir de véritables effets sur vos récoltes.
Avec cette méthode, il n’existe pas de risque de surdosage ou d’empoisonnement des espèces vivantes et présentes dans un milieu donné. Elle n’entraîne aucune forme de pollution et permet de cibler un parasite en particulier. L’intégrité de la faune du jardin est donc préservée. Cependant, cette pratique peut également avoir quelques limites, cela s’est déjà produit dans le monde en introduisant des espèces en vue d’en réguler une autre et au final, ces espèces introduites finissent par devenir problématiques. Il faut donc rester vigilant et ne pas introduire n’importe quelles espèces. L’idéal restant tout de même d’essayer d’attirer les prédateurs (aussi appelé auxiliaire) de manière naturelle en leur offrant des abris adaptés mais aussi en acceptant la présence de leur diner.
Les trois moyens de lutte biologique
Il existe différentes formes de lutte biologique qui dépendent de plusieurs facteurs et ampleur. Bien entendu, même si la méthode change, l’objectif initial reste le même. Je vous propose 3 moyens (attention, certaines méthodes ne sont pas du tout adaptées à un simple jardin) …
La lutte biologique classique
Cette pratique n’est pas adaptée à notre échelle en permaculture mais est utilisée plutôt à grande échelle, souvent au niveau national d’un pays. Imaginons qu’un ravageur venu d’autres contrées ait été introduit dans un milieu donné. Il arrive parfois que ce dernier n’ait aucun prédateur naturel dans ce nouveau lieu. Si toutes les conditions lui sont favorables, il peut alors devenir très problématique. La lutte biologique classique consiste alors à introduire un prédateur naturel, un agent pathogène exotique contre ce nuisible dévastateur. La sélection est rigoureuse car, il faut également mesurer l’impact potentiel sur la faune locale etc …
La lutte biologique par conservation
C’est très souvent cette méthode que nous utilisons dans nos jardins-potagers amateurs. L’idée est simple, mais à la fois complexe car, nous sommes ici sur des mécanismes naturels subtils. Concrètement, dans ce moyen de lutte, nous allons essayer de favoriser les auxiliaires locaux, présent naturellement dans un milieu donnée et bien entendu, se nourrissant des indésirables dont il est question. Cela passe par de nombreux points dont l’analyse de l’environnement, via l’installation de zones propice à l’installation de ces prédateurs naturels etc …
La lutte biologique par inondation
Ici, nous sommes sur un mixte des deux (entre guillemet) … Concrètement, à la base et selon le nombre, un ravageur n’est pas vraiment nuisible. Il participe même à l’équilibre du jardin étant donné qu’il remplit des fonctions écologiques propres à lui-même, qu’il peut potentiellement être la source de nourriture d’autres espèces etc …
Cependant, il peut arriver, que la population de ces derniers augmente de façon à devenir problématique dans un milieu (ceci pouvant venir de plusieurs facteurs tels que des conditions moins favorables aux prédateurs naturels, des modifications de l’environnement et bien d’autres raisons que je ne vais pas forcément développer ici).
A partir de là, on peut bien entendu opter pour la lutte biologique de conservation mais aussi « donner un coup de pouce » à la nature en introduisant, d’autres insectes auxiliaires, population de parasites pouvant aider à réguler la présence des dits « nuisibles ». Cela a tout de même des limites et il faut faire attention à ne pas introduire n’importe quelle espèce dans un jardin.
Comment utiliser la lutte biologique pour lutter contre les nuisibles ?
Ici, on ne parle que des moyens à travers lesquels on essaie de chercher un certain équilibre entre différentes espèces, de manière à ce que l’ensemble du jardin trouve son propre équilibre, tout en limitant les interventions du jardinier. Car, dans les moyens de lutte naturel, la liste est longue ! Dès qu’un dégât se présente sur une plante, il est facile de trouver des préparations naturelles à base de décoction, purin, macération etc … De ce fait, j’aimerai partager avec vous quelques pistes de réflexions pour vous donner à utiliser les insectes auxiliaires …
Savoir utiliser les insectes auxiliaires pour lutter contre les indésirables
La majeure partie des êtres qui vivent dans le jardin sont nécessaires à la santé des végétaux. Quelques-uns sont considérés comme des ravageurs de culture. Ces derniers participent pourtant à l’équilibre des écosystèmes. La meilleure solution contre les ravageurs à notre échelle de jardiniers en permaculture est d’avoir recours à la lutte biologique et aux insectes auxiliaires qui se nourrissent des ravageurs en question. L’idée reste donc de privilégier une espèce en fonction de l’identité du nuisible en question et présent dans le jardin.
La coccinelle
En lutte biologique, la coccinelle est une alliée redoutable. Elle est la prédatrice naturelle du puceron. On estime qu’une seule coccinelle mange une cinquantaine de pucerons par jour. Alors, pour attirer les populations de coccinelle dans le jardin en permaculture, il faut planter de la tanaisie, de l’achillée et toutes les plantes qui peuvent favoriser leur venue. Ces plantes sont appréciées des coccinelles, qui viennent y pondre leurs oeufs. D’ailleurs, l’écorce des arbres leur offre un abri idéal pour l’hiver. A cela s’ajoute, l’installation d’abris adapté et pourquoi pas l’installation d’hôtel à insecte. Pour aller plus loin, je vous propose de découvrir cet article « Comment attirer des coccinelles dans mon jardin« .
La libellule
La libellule est une dangereuse prédatrice pour beaucoup d’insectes, parmi lesquels on trouve des ravageurs. Les libellules se nourrissent de mites, de vers, de chenilles, de cochenilles et de nombreuses autres espèces d’insectes potentiellement nuisibles à vos plantes, ou non. Pour attirer les libellules dans un jardin en permaculture, il faut donc choisir certaines plantes spécifiques tels que la sauge, l’échinacée, le syngonium, l’achillée millefeuille … L’idéal bien entendu sera également d’avoir un bassin ou une mare dans votre jardin mais attention aux poissons qi aiment également se régaler des libellules. Comme quoi, une espèce en nourrit une autre …
La guêpe : Un insecte auxiliaire efficace
La guêpe est un insecte auxiliaire particulièrement efficace. Les populations de guêpes se nourrissent d’insectes, qui viennent compléter leur régime alimentaire à base de nectar. Elles sont aussi des pollinisatrices (moins efficaces que les abeilles, mais des pollinisatrices tout de même). Pour les attirer dans le jardin, il faut planter des plantes mellifères tels que des menthes, de la camomille, des oeillets d’Inde, de l’hysope, du fenouil ou encore des verges d’or. Bien entendu, n’oublions les abeilles à qui l’ensemble de ces plantes à fleurs seront aussi profitable et ces dernières font aussi partie intégrante de votre projet, favorisant la pollinisation de vos végétaux.
Le carabe (Je les adore !)
Le carabe est aussi un atout de lutte biologique, De plus, ils sont vraiment magnifique : Il se reconnaît par ses reflets métalliques bleus, pourpres ou dorés, et son corps allongé. Le carabe se nourrit d’escargots, de limaces, de vers et de nombreux autres insectes potentiellement nuisibles pour le jardin. Il est donc particulièrement redoutable en lutte biologique. Ils peuvent hiberner sous les souches pourries, bois en décomposition, tas de feuilles mortes etc … Placez quelques éléments dans votre jardin et vous devriez en voir rapidement ! Sans oublier, enfin … on m’a toujours dit ça que leur présence est un bon signe pour la biodiversité, l’écosystème et l’équilibre d’un milieu. Voici un article plus complet sur « Comment attirer les carabes« .
Les oiseaux
Bon faut être honnête, beaucoup de jardiniers pestent contre les oiseaux qui viennent fouiller le sol et piquer les graines fraichement semées. Pourtant, certains d’entre eux peuvent vous aider à mener une lutte biologique contre certaines ravageurs car, Ils se nourrissent de vers, d’insectes, mais aussi de larves et de limaces. Le rouge-gorge par exemple est notamment une espèce d’oiseau que l’on gagne à attirer dans le jardin. Pour cela, il ne faut pas hésiter à planter des arbustes à graines, du sureau, ou encore semer des cosmos pour les attirer dans votre jardin et les inciter à laisser vos graines de côté.
Pour conclure …
J’espère que cet article et sont sujet vous auront inspiré et intéressé ! Nous pourrions encore étendre largement cette liste de prédateurs, d’insectes, d’animaux et même développer tout ceci à l’ensemble de la faune présente dans nos contrées. Ce qui fera probablement l’objet d’autres articles de blog plus complet et précis. Je suppose que vous avez probablement des choses à ajouter à mon écrit ? Ce serait un plaisir de vous lire … Pour cela, n’hésitez pas à utiliser les commentaires juste en dessous …
Salut Yannick !!
J’espère que tu vas bien. C’est la première année que je suis quasiment pas intervenu pour l’instant sur mes cultures si ce n’est quelques doryphores par-ci par là et quelques escargots que je mets à différents endroits que je laisse à l’état sauvage. Cette année j’ai planté du lin annuel qui éloignent les doryphores. J’ai planté également de la tanaisie un peu de partout qui est un puissant répulsif. J’ai planté aussi beaucoup de lavande afin de repousser les fourmis et ça fonctionne très bien. Je travaille beaucoup avec les associations de plantes qui sont répulsives. L’an dernier j’avais fait une introduction de coccinelles. J’avais peur qu’avec la canicule que nous avons connu elles n’auraient pas survécu. Finalement l’introduction a réussi puisque j’en ai vu cette année. En culture naturelle il faut être patient et persévérant. Au début il ne faut pas avoir peur de perdre un peu de récolte. 4 ou 5 ans plus tard vous serez récompensés des essais effectués ainsi que des efforts fournis. Au fait Yannick je me suis inscrit cette année au concours « Jardiner autrement ». Je te souhaite une excellente soirée !! A bientôt !! Amitiés. Jean Claude.