Cela fait un moment que je souhaitais écrire sur le sujet des ravageurs au jardin. A mon sens, rien n’est vraiment mauvais dans la nature mais, son ensemble est régit par un subtil équilibre. Bien entendu, leur présence au potager et leurs dégâts donnent parfois du fils à retordre aux jardiniers que nous sommes. On peut également s’y perdre un peu entre les moyens de luttes préventives, de luttes curatives à base de préparation maison ou de recette de grand-mère, il est assez facile de s’y perdre. De plus, cela dépend aussi du seuil de tolérance propre à chacun. Aujourd’hui, j’aimerai partager avec vous quelques réflexions à leur sujet et comment ces derniers jouent un rôle dans votre projet en permaculture…

 

Qu’est-ce que je pense des nuisibles au jardin ?

Personnellement et d’un point de vue général, j’essaie de faire en sorte qu’ils trouvent leur place au sein de mon jardin-potager car, ces insectes considérés dans le domaine du jardinage comme nuisibles font malgré tout partie de cette biodiversité que nous cherchons généralement à préserver, à favoriser. De ce fait, je ne pense pas que lutter constamment contre ces derniers soit une véritable solution sur le long terme. J’aurai même tendance à dire que cela a l’effet inverse car, d’une certaine manière, vous retardez l’installation de l’équilibre naturel de votre jardin en permaculture.

 

L’importance des ravageurs

Je vous propose de prendre le problème à l’envers et pour commencer, demandez vous… A quoi servent les indésirables du jardin (mise à part dévorer vos récoltes) ? Remplissent-ils des fonctions écologiques particulières (que ce soit dans l’aération du sol, le recyclage des matières mortes etc…) ?

Ce qu’il faut savoir, c’est que la grande majorité de ces insectes potentiellement ravageurs de vos cultures potagères sont une source de nourriture pour de nombreuses autres espèces. Ce qui représente à nos yeux de jardiniers les insectes auxiliaires que vous cherchez, très probablement, à attirer dans votre jardin.

 

Pas d’auxiliaires sans indésirables

En effet, la seule et unique raison qui pousse les insectes à venir s’installer dans votre espace est la présence de nourriture et les conditions favorables à leur développement, soit de quoi s’abriter et se reproduire. En bref, les uns ne vont pas sans les autres et c’est sur ce point que les mécanismes naturels sont particulièrement complexes et à la fois passionnant.

Bien entendu, je suis parfaitement conscient que parfois, la présence de certains ravageurs tels que les limaces par exemple, peut être dévastateur et vous faire perdre une grande partie, voir la totalité de vos récoltes. Comme je l’indiquais plut haut, cela dépend beaucoup de votre seuil de tolérance propre à vous-même. Certains jardiniers vont accepter de perdre 30% de leurs salades, d’autres ne supporteront pas forcément la moindre perte et d’autres pourront accepter jusqu’à 50% de perte.

Personnellement, j’ai tendance à semer beaucoup plus dès le départ, ce qui dans un premier temps, permet de compenser les potentielles pertes que ces dernières soient liées aux attaques d’indésirables mais aussi en cas de semis ratés (ce qui arrive aussi). Ensuite, cela me permet également d’être dans mon seuil de tolérance avec un pourcentage laissé aux insectes et animaux acceptable tout en ayant toujours de quoi récolter.

 

 

Mes deux observations

Laisser la nature s’installer et s’auto-gérer en limitant les interventions du jardinier permet à long terme à votre environnement de se réguler et de trouver son propre équilibre. A contrario, agir dès la moindre présence et dégâts au potager, retarde la venue des prédateurs naturels dans le jardin par manque de nourriture. En bref et pour vous donner un exemple, si vous n’avez pas de pucerons sur vos plantes ou que vous vous en débarrasser vous-même dès qu’ils apparaissent, vous pouvez installer autant d’abri à coccinelle que vous souhaitez, il y aura peu de chance pour que ces dernières viennent s’y installer.

 

Le problème des insectes introduits

Dans ce cadre là, nous pouvons citer beaucoup d’espèces introduites et qui forment parfois des « catastrophes » écologiques à l’échelle régionale, voir national. Les premiers qui me viennent à l’esprit en écrivant ces lignes sont les doryphores, les frelons asiatiques ou encore les ragondins en Vendée … qui n’ont pas vraiment de prédateurs naturels et qui, en plus de cela, trouvent toutes les conditions favorables à leur prolifération.

De mon côté, je suis surtout concerné par les doryphores que je n’hésite pas à supprimer via un ramassage manuel et régulier. Mais aussi, j’ai chaque année des nids primaires de frelons asiatiques qui se forment. De ce fait entre le mois de mars et début mai, je reste très vigilant en surveillant leurs lieux de prédilections (tels que les cabanons, les hauts-vents…), ce qui me permet d’agir rapidement dès la formation du nid. Attention, restez tout de même prudent et n’hésitez pas à faire appel à un professionnel.

 

Mon approche pour lutter contre les nuisibles sur mes plantes

Personnellement, j’ai opté pour cette façon de faire en commençant par :

  • Identifier correctement le nuisible en question. Cela peut être parfois un peu compliqué étant donné que certains insectes agissent la nuit, se cache dans le sol et ne vous laisse que des dégâts visibles. Dans ce cas, je vous suggère de prendre des photos des dégâts, ce qui permet à certains jardiniers de vous aider à identifier l’insecte responsable.
  • Chercher toutes les informations sur celui-ci comme ses périodes et/ou conditions les plus favorables, son mode de reproduction (très important), les potentiels plantes hôtes, les plantes répulsives, les plantes martyres etc… (En clair, j’apprends tout ce que je peux trouver)
  • Ensuite, si votre seuil de tolérance est dépassé, vous pouvez également chercher les recettes de grand-mère contre les nuisibles, les préparations naturelles à base de décoctions pour soigner les plantes etc…
  • Et pour finir, le plus important est de savoir en tirer des leçons pour les années suivantes. C’est exactement sur ce point que la plupart des jardiniers vont se retrouver confrontés chaque année à lutter contre les mêmes ravageurs car, ils ne prennent pas le temps d’observer, de se renseigner et de mettre en place les éléments préventifs en fonction de leurs observations. Alors que cette approche logique va naturellement diminuer les attaques au fils des ans, en donnant un coup de pied … euh … de pouce à la nature.

 

La prévention reste le meilleur moyen de lutte naturel

A partir du moment où vous avez correctement identifier l’insecte ravageurs, que vous avez développé vos connaissances à son sujet pour mieux comprendre son fonctionnement, ce qui le favorise ou au contraire, peut freiner ses actions. Vous serez alors en mesure de mettre en place les éléments préventifs dès l’année suivante et ainsi réduire leurs présences au fils des ans. Voici quelques exemples concrets…

 

Les mouches pondeuses

Prenons l’exemple des mouches qui viennent pondre sur votre culture de poireau ou sur vos choux, ou encore d’autres types d’espèces comme les hannetons … Généralement, on constate leurs dégâts une fois qu’ils sont bien installés, ce qui provoque la perte des récoltes. Cependant, l’un des points commun de ces insectes volants est qu’ils ont tous des périodes de ponte. Elles sont parfois étalées sur plusieurs mois. De ce fait, si vous y êtes confronté une fois, il y a de fortes chances que cela se reproduisent l’année suivante. L’idée première est donc de mettre en place les protections adaptées qui vont réduire les possibilités de ponte, de développement et donc des générations d’insectes suivants. Ou alors d’arrêter quelques temps de cultiver la famille de plantes touchées, de manière à « casser » le cycle de vie du ravageurs.

 

Les taupes

Vous allez très probablement de me regarder avec des gros yeux, surtout si vous êtes confronté à leur présence. Personnellement, je ne pense pas que nous puissions considérer ces petites bêtes comme des nuisibles à 100%. En effet, elles remplissent, malgré tout, plusieurs fonctions écologiques intéressantes et la terre dégagée de leur galerie est, tout simplement, parfaite pour les semis. Cependant, je reçois assez régulièrement des messages à leur sujet et il faut aussi être honnête, leurs dégâts sont très frustrant ! Les différentes parades qui peuvent être mise à place pour éloigner les taupes du potager sont les suivantes…

  • Astuce 1 : Planter de grands piquets tout autour du potager avec des bouteilles d’eau retournées au sommet. Avec le vent, cela va provoquer une onde qui va se répercuter dans le sol et éloigner les taupes de votre potager ou du moins de cette zone que vous souhaitez préserver. Par contre, pour ce qui est du reste du jardin … Elles continueront à creuser et à se faire plaisir.
  • Astuce 2 : Pourquoi pas essayer de planter des plantes répulsives pour les tenir à distance ? Parmi ces dernières, on trouve le tourteau de Ricin qui semble avoir un effet assez efficace mais, encore une fois, il faudrait presque créer une barrière de ces plantes pour qu’elles soient réellement efficace.

 

 

Les pucerons

J’ai déjà eu l’occasion de présenter plusieurs méthodes contre les pucerons mais, au sein de cet article, j’aimerai surtout parler des prédateurs naturels qui sont assez nombreux et particulièrement efficace. Parmi ces derniers ont peut citer les coccinelles, les syrphes, les chrysopes, certaines guêpes ou encore les staphylins etc… Bien entendu, dans les cas extrême, il est tout à fait possible de pulvériser du savon noir contre les pucerons qui reste une méthode simple, naturel et efficace.

Cependant, dès lors que vous constatez leur présence et dès l’année suivante, il est intéressant à mon sens de tout faire pour favoriser les prédateurs naturels précédemment cités en laissant des zones sauvages à proximité des plantes hôtes, en installant des hôtels à insectes etc… Le mieux reste de multiplier ces lieux d’accueil car, certains insectes auxiliaires ne se déplacent que de quelques mètres pour se nourrir.

Au delà des insectes à attirer, nous pourrions également élargir le sujet aux fleurs qui peuvent attirer les pucerons à elles, agissant comme de véritable plantes martyres ou au contraire planter des plantes répulsives associer aux cultures sensibles. A ce sujet, voici deux articles de blog qui devrait vous intéresser sur la capucine et sur l’effet des soucis ou calendula au jardin.

 

Quelles solutions sont les plus efficaces ?

Vous pourriez être en train de vous dire … il y a tellement de solutions données selon les dégâts, laquelle choisir ? Laquelle est la plus efficace ? Selon moi, je pense qu’il est préférable de faire une combinaison de plusieurs solutions préventives qui vont ainsi agir en synergie et avoir une réelle efficacité. A cela s’ajoute beaucoup d’autres facteurs dont : l’ampleur de l’attaque qui témoigne généralement d’un grand déséquilibre et de vos observations.

 

Les recettes de grand-mère

Lorsque nous fouillons sur internet et plus particulièrement sur Google, on peut trouver énormément de recettes maison pour lutter contre la présence de ravageurs au jardin. Cependant, il faut aussi mettre un bémol sur ces méthodes qui ne sont pas toujours 100% naturelles et qui peuvent même, avoir un impact négatif sur l’environnement. Je pense par exemple au jus de mégot ou encore au désherbant à base de gros sel… En bref, le fait maison n’est pas toujours bio mais, bien sûr, cela dépend de votre façon de voir les choses ! A contrario, beaucoup de recettes tels que les extraits de plante pour fabriquer des décoctions ou autres préparations naturels sont plutôt efficaces, il faut juste toujours se poser la question de l’impact réel de ces préparations avant de les concevoir et de les utiliser dans votre jardin.

 

En guise de conclusion

J’espère que cet article vous aura plu et que vous y aurez trouvé des idées intéressantes, ainsi qu’un approche possible pour gérer efficacement ces insectes ravageurs. Bien entendu, il faut à cela ajouter la patience, un jardin se construit avec le temps et il faut parfois des années mais, l’important à mes yeux est de penser à diversifier les végétaux pour favoriser les interactions et l’installation de divers insectes et animaux.

 

Je vous invite à me laisser un commentaire ci-dessous pour exposer votre propre philosophie face aux ravageurs du jardin.