Poivron rouge ou vert, petit ou long, fort ou doux, le choix de piments ou de poivrons donne le tournis ! Mais avant de me lancer dans des tests de variétés à grande échelle, un prérequis : réussir le semis et surtout le repiquage de mes plants !

Non seulement le geste demande une certaine délicatesse, mais la plante en elle-même n’est pas fan de ma météo lilloise… Bref, réussir ses piments quand on n’est pas dans le Sud, voici le challenge du jour !

Carte d’identité du Poivron/Piment

Pas étonnant que le poivron aime tant la chaleur : il est originaire d’Amérique du Sud. Je le cultive donc comme une annuelle dans mon potager ou sur mon balcon.  Capsicum annuum se présente comme un mini-arbuste à feuilles vertes élancées. À leur aisselle, des fleurs blanches discrètes annoncent des fruits de forme variable.

Plants de poivrons rouges en pleine croissance avant le repiquage au potager

Des graines de poivrons à récupérer pour un jardin économique

Savez-vous qu’on peut récupérer les graines de poivron du commerce ou mieux, ceux du potager ? Pratique pour économiser et retrouver mes variétés préférées la saison suivante. Il suffit pour cela d’extraire les petites graines du fruit, de les laver et de les laisser sécher trois jours. En revanche, je ne suis pas sûre à 100% de la viabilité, et de la variété précise de mes poivrons…

Poivrons ou piments : quelle est la différence ?

C’est simple : aucune ! Comme le cornichon et le concombre, poivron et piment proviennent d’une seule et même plante, ici Capsicum annuum. Seule leur variété diffère, et donne in fine des fruits doux ou forts. Cette année, je parcourrai l’échelle de Scoville (qui mesure la force des piments) avec mes variétés en pot ou en pleine terre.

Plant de poivron ou piment : la bonne période pour semer

Pour bien repiquer un poivron, il faut d’abord soigner le semis. Et je me heurte assez vite au problème : ce délicieux végétal aime le chaud, et prend son temps pour pousser (comptez 6 mois jusqu’à la récolte). Autant dire que les 20°C exigés pour le semis en février-mars ne me sont pas accessibles…

Pieds de piments en pleine terre avec fruits jaunes et rouges avant repiquage ou récolte

Comment semer ?

Je me lance dans le semis en mars, avril est vraiment le dernier délai.

J’effectue le semis de mes poivrons en intérieur, dans une mini-serre de culture chauffante, ou plus acrobatique, sur une tablette posée sur un radiateur. Si le temps est doux, je place mes godets à la lumière, le long de ma baie vitrée. Voici les 4 étapes :

  1. Je sème dans de godets remplis d’un mélange spécial semis.
  2. J’y sème 4 graines max car elles doivent être espacées de 2 cm.
  3. Je recouvre d’une poignée de substrat riche et drainant
  4. Je pulvérise d’eau à température ambiante.

Les premières pousses apparaissent 10 à 15 jours plus tard.

ATTENTION, ne faites pas la même erreur que moi : même en graine, toucher un piment reste douloureux. Je porte des gants au moment du semis, et je ne me frotte surtout pas les yeux, sinon gare aux larmes !

Quelles variétés planter ?

Je panache toujours variétés pimentées comme ‘de Cayenne’ ou ‘Habanero’ et des poivrons doux de différentes couleurs, comme ‘Estérel’. J’apprécie aussi ‘Lamuyo’ ou ‘Long Doux des Landes’. Ma fibre culinaire me fait aussi pencher vers ‘Gorria’, qui donne le piment d’Espelette si savoureux.

J’ai par contre évité les piments d’ornement et autres poivrons décoratifs, aux belles couleurs, mais dont le goût ne me parait pas satisfaisant.

Quand et comment effectuer le repiquage des poivrons ?

Le premier repiquage a lieu 4 à 6 semaines après le semis : le poivron a atteint un bon rythme de croissance, et arbore quelques feuilles définitives.

En réalité, je suis censée réaliser deux étapes de repiquages :

  1. Le premier est un repiquage à chaud. Cela signifie qu’on passe de l’alvéole de la miniserre ou du godet de semis à un pot individuel.
  2. Le second consiste à déplacer le plant vers son emplacement définitif au jardin : la pleine terre, la potée du balcon ou sous châssis/tunnel en extérieur avec d’autres légumes frileux.

En réalité, je triche pour le second, vous découvrirez plus bas comment !

Poivrons rouges cultivés en pleine terre dans une serre, prêts à être repiqués ou récoltés

Repiquer à chaud le poivron

Le passage de la plantule depuis son premier godet à un plant solo ressemble chez moi à un vrai parcours du combattant. Il faut opérer très doucement pour ne pas abimer les tiges ni les racines fragiles du jeune poivron.

Certains recommandent d’utiliser une fourchette pour déraciner la plantule, mais il y a un risque de toucher aussi les voisines. En réalité, mieux vaut saisir le plant de poivron par les feuilles et non par la tige, et tirer le plus délicatement possible.  

Je rempote sans plus attendre dans un contenant plus grand. Et là intervient l’astuce : j’utilise des pots en fibres de bois, parfaitement biodégradables. Ainsi, je m’épargne le second repiquage, puisque je planterai directement.  

Dans son nouvel habitat, le poivron va grandir lentement avant que je lui offre sa destination finale.

Piments rouges allongés poussant en grande quantité sur des plants verts en extérieur, prêts pour le repiquage ou la récolte

Pourquoi j’ai choisi de ne pas repiquer mes poivrons en pleine terre dans mon potager

Nous sommes au mois de mai. Il faut maintenant que je décide ce que je vais faire de mes plants de poivrons toujours confinés à l’intérieur.

Sur ma planche potagère, j’ai préparé le sol pour mes futurs légumes, mais je me heurte aux spécificités du poivron :

  • Il a besoin de minimum 6 heures d’ensoleillement par jour,
  • Il aime la chaleur,
  • Il est très gourmand en eau.

Certains jardiniers recommandent, avant un repiquage en pleine terre, de réchauffer le sol en le recouvrant d’une bâche quelques semaines avant. Avec la chaleur du sol, les plants accélèrent leur floraison et leur mise à fruit. Mais je crains que ne soit un peu trop optimiste pour mon jardin potager nordiste.

Je vais donc, comme pour mes tomates, tester des cultures différentes pour mes jeunes plants.

Repiquer les Capsicum en potée

Tomates cerises, aromatiques, petits fruits… On peut tout cultiver sur mon balcon ! Je choisis en priorité des petits piments compacts, dont la culture est pensée pour la terrasse, comme ‘Kobold’. Je ne lésine pas sur la taille des potées (6 l minimum) et la qualité du terreau (il doit être riche).

Le repiquage s’effectue rapidement grâce au pot biodégradable. Si je n’ai pas utilisé ce moyen, le conseil reste identique : un maniement tout en douceur pour le déracinement, pour déposer ensuite le jeune poivron dans sa jardinière ou son pot final. Généralement, j’appuie doucement sur les bords de mon godet et tapote le fond, et la motte arrive facilement dans les mains, prête à être repiquée.

Opérer en serre froide ou sous châssis

Pour protéger au maximum mes poivrons du froid, j’endurcis mes plants en les plaçant soit dans une serre froide ou dans un châssis. Pendant une bonne semaine, je les sors une, puis plusieurs heures, puis les rentre le soir. Ensuite, je les laisse en serre définitivement avec mes autres plantes frileuses, comme les aubergines ou les tomates. J’aère dans la journée pour permettre aux pollinisateurs de visiter les fleurs et obtenir ainsi des fruits plus réguliers.

La plantation en pleine terre ne s’effectue pas avant mai-juin, sous tunnel plastique. Chaque plant est éloigné de 60 cm pour éviter les maladies. Au début, on peut intercaler quelques plants de salades, mais ensuite place aux poivrons ! N’oubliez pas de creuser un bon trou de plantation pour que les racines se développent bien, et enrichissez avec un terreau spécial tomates.

Conclusion : poursuivre la culture des piments dans les règles

Et la suite ? Il ne me reste qu’à suivre les conseils de cet article pour chouchouter mes plants de piments et poivrons ! En priorité : je pense au paillage au pied pour retenir l’humidité de ces grands assoiffés, j’arrose régulièrement, ajoute (un peu) d’engrais, et je sélectionne les plus beaux fruits. Pas mal de travail, mais quel bonheur de poser sur la table mes piments « du jardin » conservés dans l’huile d’olive…