« Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Valérie du blog Mon balcon Jardin. Cela fait plusieurs mois que nous échangeons à travers mes différentes publications et elle m’a proposé d’écrire un article sur l’organisation d’un potager de balcon. J’ai trouvé l’idée vraiment intéressante. D’autant que je sais que cela va intéresser plusieurs d’entre vous … Alors je vous laisse découvrir les astuces d’une jardinière de balcon expérimentée ! » … Se lancer dans un potager de balcon est un projet ambitieux. Souvent l’espace est limité, dans certains cas, vous ne disposez que de quelques m². Mais même si vous avez la chance d’avoir une grande terrasse, les conditions de culture sont en général, disons, particulières. Il y les balcons orientés au nord qui n’ont pas assez de luminosité et ceux orientés plein sud avec une chaleur torride. Sans parler du vent qui vient également mettre son petit grain de sel dans tout cela…
Les fausses illusions d’un potager de balcon
Commençons par remettre les pendules à l’heure et parlons des fausses illusions. Certains balcon-jardiniers ambitieux prétendent se diriger vers l’autosuffisance. Mais cela reste une minorité qui investit beaucoup de temps et de savoir-faire dans ce défi. Sachez qu’on estime les besoins en surface à environ 25m² par personne pour pouvoir couvrir une partie de ses besoins en fruits et légumes. Ils sont estimés à 170m² (y compris les chemins et l’espace pour le compost) pour un potager autosuffisant.
Mais tout cela n’est pas fait pour vous décourager. Je désire juste éviter les déceptions. Il y bien d’autres bonnes raisons de cultiver un potager sur son balcon. Du plaisir de voir « naitre » des plantes à partir d’une graine, de travailler la terre et de goûter au fruit de son travail pour n’en nommer que quelques-uns… Même si le rendement n’est pas votre préoccupation première, consacrer un peu de temps à la planification de votre balcon-potager vous permettra de profiter au maximum de l’espace dont vous disposez.
Première étape : Planifier l’espace sur votre balcon
Analyser l’espace du potager de balcon
Presque par définition, l’espace est limité sur un balcon, d’où l’importance de planifier et de faire des choix. Commencez donc par faire un état des lieux :
- De quelle surface disposez-vous et existe-t-il des limites de poids ? Considérez qu’1l de terre sèche pèse environ 500g, et presque le double si elle est mouillée. Certains bacs peuvent aussi être très lourd.
- Est-il possible d’utiliser les murs, soit en utilisant des étagères, des potagers surélevés ou des plantes grimpantes ?
- Pouvez-vous utiliser les rambardes en y accrochant des jardinières ?
Le plus simple est bien sûr de faire un croquis de votre balcon. Dessinez le pourtour de votre balcon, les accès (portes, portes fenêtres) ainsi que les passages dont vous avez besoin. Prévoyez large, vos plantes vont prendre de l’ampleur et les va-et-vient (notamment pour l’arrosage) seront nombreux. Ensuite placez vos pots et bacs sur votre croquis. Bon à savoir : les contenants rectangulaires permettent de perdre moins de place. Et plus vos bacs seront grands, mieux ils conserveront l’humidité (mais seront moins mobiles). Dans tous les cas, pensez à votre sécurité, à celle des passants et de vos voisins : assurez-vous toujours que vos pots et jardinières sont bien fixés.
Pour en savoir plus sur la planification de l’espace sur votre balcon, consultez aussi cet article.
Les conditions climatiques
Muni de votre croquis, allez enfin observer votre balcon par une belle journée ensoleillée. Notez l’évolution des zones d’ombre et de soleil heure après heure pour déterminer les heures de soleil dont vous disposez. Notez aussi si votre balcon est abrité ou exposé aux précipitations et s’il y a beaucoup de vent.
Ces informations vous seront très utiles pour notre deuxième étape.
Deuxième étape : Le choix des plantes
A cette étape, il s’agit de trouver les plantes qui répondent à ces 3 exigences :
- Il est possible de les cultiver en pot
- Elles sont adaptées aux conditions climatiques de votre balcon
- Elles vous font envie
Commençons par la première de ces exigences. Le choix de plantes « naines » s’accroit à chaque saison et les horticulteurs repoussent dans ce domaine les limites du possible. Cependant il reste quelques plantes potagères encore qualifiées de « no-goes ». On compte parmi elles les choux (qui ne supportent pas bien la chaleur) et les cucurbitacées (les courges et dans une moindre mesure les courgettes qui ont besoin de beaucoup de place). Par ailleurs, certaines espèces sont en général difficiles à cultiver, à plus forte raison en pot (le fenouil, les asperges, le poireau et le céleri).
A part cela, toutes les possibilités vous sont en principe ouvertes. Parmi les espèces faciles à cultiver on compte par exemple les aromates, les tomates et poivrons, les légumes feuilles et les fraises. Mais il s’agit là d’une liste non exhaustive. Choisir des plantes adaptées aux conditions climatiques régnant sur votre balcon, la deuxième exigence, est sans aucun doute l’un des facteurs de succès les plus importants. En même temps, ces conditions sont très difficiles à influencer (à moins de déplacer les murs…). Il faut donc savoir s’adapter, ce qui est de toute façon une grande qualité pour tout jardinier 😉
Pour cultiver un potager, ne nous leurrons pas, il faut un minimum d’ensoleillement. Si vous disposez d’au moins de 3 heures de soleil par jour, on parle alors de mi-ombre, beaucoup de portes vous sont ouvertes. Là vous pourrez cultiver les légumes feuilles, les aromates préférant la fraicheur (le persil, la ciboulette, la menthe, …), les légumes racines et les fraises des bois. A partir de 5 heures de soleil par jour, les légumes-fruits, les fruits bien sûr et les aromates méditerranéens s’offrent à vous. Mais attention aux heures les plus chaudes de la journée : si ces derniers par exemple sont (pour la plupart) de véritables spécialistes de la chaleur et de la sécheresse, les autres auront une soif d’autant plus grande. Et le soleil brûlant de midi peut là-aussi faire des dégâts.
Peut-être avez-vous-même constaté, lors de la première étape, que votre balcon dispose de plusieurs zones. Dans ce cas, vous avez de la chance car vous pourrez à la fois cultiver des plantes de mi-ombre et de soleil. Enfin, n’oubliez pas de vous faire plaisir, c’est la troisième exigence. Faites une liste de vos envies et comparez-la avec les espèces répondant aux 2 premières. Inutile de semer des épinards partout si vous ne les aimez pas ! Si les plantes de vos rêves se cultivent bien en pot (peut-être en choisissant une variété adaptée) et supportent bien les conditions régnant sur votre balcon, lancez-vous sans hésiter. Vous n’êtes pas tout-à-fait certain et pensez être un cas limite ? Vous voulez par exemple cultiver des tomates et n’avez que 4h de soleil par jour. Essayez quand même ! Vous n’avez pas grand’ chose à perdre, et rien ne vaut les expériences pour progresser.
Troisième étape d’un potager de balcon : les associations et successions
Nous arrivons ici à la discipline reine du jardinage ;-), celle qui vous permettra d’utiliser l’espace de façon optimale tout au long de l’année (ou presque). Je parle bien de l’art de l’association des espèces et de leur succession. Pourquoi associer les espèces ? Eh bien, parce que cela vous permettra tout d’abord d’utiliser la surface et le volume de vos bacs ou pots au maximum. Par ailleurs, vous pouvez profiter de certaines associations bénéfiques, les plantes poussant à proximité l’une de l’autre se soutenant ou se protégeant mutuellement. Pour aller plus loin à ce sujet, je vous invite à lire cet article.
Que faut-il savoir sur la succession des cultures ? On parle parfois aussi de « rotation des cultures » ce qui me parait être un terme un peu exagéré quand il s’agit d’un potager de balcon. Cependant, le principe est le même. Toutes les fruits et légumes ne se récoltent pas à la même saison et la saison de jardinage s’étend donc de février à octobre (et même plus dans certaines conditions). Cette fois, nous ne planifions pas seulement l’espace, mais aussi le temps. Ainsi vous pourrez faire dans un même pot plusieurs récoltes par an. Si vous changez le substrat après chaque culture, vous n’avez besoin de prendre aucune précaution particulière. Si cependant, vous souhaitez réutiliser votre terreau (ce qui est non seulement plus économique mais aussi plus écologique).
Passons maintenant à la pratique :
- Pour commencer, choisissez pour chacun de vos contenants la culture principale. Il s’agit là de la plante qui occupera l’espace pour la période la plus longue ou qui prendra le plus de place. Puis déterminez la période pendant laquelle elle restera en place (du semis ou repiquage jusqu’à la récolte). S’il s’agit d’une plante vivace, ce sera bien sûr toute l’année. Prenons par exemple un pied de tomate de mai à septembre.
- S’il reste de la place, choisissez la ou les plantes secondaires compatibles avec votre plante principale. Choisissez si possible une plante avec une période végétative similaire. Ajoutons ici du basilic.
- Enfin choisissez des plantes à cultiver avant et après la culture principale. Au printemps, on choisit en général des plantes à la croissance rapide (comme les radis ou les épinards) et à l’automne, des plantes appréciant la fraicheur (les radis encore, la salade…). Si besoin est, ajoutez un peu de compost, enlevez les restes de racines et écrasez la terre entre vos doigts entre 2 cultures si elle s’est agglomérée.
Pour conclure …
Et voilà ! En suivant cette méthode pas à pas, vous pourrez organiser votre potager de balcon de façon optimale. Vous utiliserez la surface dont vous disposez au maximum tout au long de l’année. Par la même occasion, vous vous ferez plaisir en récoltant régulièrement le fruit ou le légume 😉 de votre travail. N’hésitez pas à partager vos retours, réussites ou suggestions d’amélioration dans les commentaires ci-dessous. Vous trouverez sur mon-balcon-jardin.com plein d’autres astuces et idées pour faire de votre balcon un jardin !