Rassemblons les indices : un vol d’insectes patauds et bruyants le soir, des vers blancs qui se tortillent sous la bêche, des plants qui dépérissent brusquement au potager… C’est sûr : des hannetons se sont installés dans mon jardin ! Malheureusement, si les adultes sont assez inoffensifs, les larves, aussi appelées vers blancs, ravagent les légumes du potager en un rien de temps.
Voici mon plan d’attaque pour les prochaines semaines : d’abord, bien les identifier (et ne pas les confondre avec les larves de cétoines dorées !), apprendre à connaître ces gros coléoptères, puis… m’accommoder ou me débarrasser de mes hôtes indésirables.
Qu’est-ce qu’un hanneton ?
Je commence par identifier mon squatteur nuisible de potager. Le hanneton est en effet un terme générique pour un certain nombre de coléoptères.
Quel hanneton dans mon jardin ?
Le plus connu demeure le hanneton commun (espèce Melolontha melolontha) : un gros insecte rougeâtre de 2 à 4 cm de long. Chez le mâle, des antennes se déploient comme des éventails.
Je peux aussi croiser :
- Le hanneton des jardins (espèce Phyllopertha horticola) : ce coléoptère ne mesure qu’1 cm max adulte et arbore une bande verte sur la tête et le thorax. Le reste du corps est brun.
- Celui de St Jean (espèce Amphimallon solsticiae) : plus petit que le hanneton commun (2-3 cm), il a un corps de couleur brun jaunâtre.
- Moins possible : le hanneton argenté (espèce Hoplia philanthus), car il aime les sols sableux. Il possède des écailles brillantes.
Bien différencier larves de cétoines et de hanneton
La cétoine, vous connaissez ? Cetonia aurata est un scarabée bijou qui accélère la décomposition du compost. Le challenge est de ne pas confondre la larve du hanneton avec la cétoine dorée, car la seconde n’a rien d’un ravageur ; elle se révèle même bien utile.
J’ai résumé dans un tableau les principales différences pour ne pas me tromper, et une petite astuce en fin de paragraphe.
Larve de cétoine dorée | Larve de hanneton | |
Pilosité | Poilue | Lisse |
Tête | Petite tête | Grosse tête brune + mandibules |
Pattes | pattes insignifiantes | pattes longues (supérieure à la largeur de son corps) et bien visibles |
Abdomen | Renflé au bout | Assez fin |
Déplacement | Sur le dos | Sur le côté |
Localisation | Bac à compost, souches d’arbre décomposées… | Dans le sol |
Pour déterminer qui est qui, placez la larve sur le dos. La cétoine en profitera pour s’éclipser, le hanneton reste bloqué.
Quels dégâts occasionnent les hannetons ?
Un hanneton adulte se nourrit de feuilles, bourgeons et de fleurs. Je l’ai repéré assez rapidement dans mes arbustes, mais ses dégâts ont été limités. Le problème se situe plus bas… Dans la terre précisément. Car qui dit hanneton en vol, dit larve les années suivantes.
Un cycle de vie de 3 années
En comprenant le cycle de vie du hanneton commun, j’espère m’en débarrasser plus rapidement. Après un premier envol pour s’accoupler, les femelles pondent leurs œufs sous terre (à 10-15 cm de profondeur) pendant le premier été. Elles peuvent pondre ainsi jusqu’à trois fois dans une seule saison.
Après une phase d’hibernation de l’automne au printemps suivant, les larves remontent quasiment à la surface pour se nourrir activement de racines des plantes et radicelles durant toute la belle saison. Elles reproduisent ce schéma les deux années suivantes, jusqu’à la sortie de terre des adultes prêts à se reproduire. Notez que les adultes s’envolent tous à la même heure, généralement au crépuscule.
Si vous souhaitez d’autres informations sur les hannetons, rendez-vous sur le site de l’INRAE pour voir sa fiche d’identité de ravageur des cultures.
La larve : de quoi se nourrit-elle exactement ?
Le petit du hanneton, une larve surnommée ver blanc, n’est pas très séduisante. Elle mesure de 2 à 5 cm de long, se tient en position courbée, et arbore une couleur jaunâtre peu ragoutante. À cela s’ajoutent des mandibules et des pattes proéminentes.
Ces dernières se révèlent bien utiles pour creuser sous terre et dévorer les organes souterrains des végétaux. Peu de racines des plantes échappent à son appétit. Les dégâts peuvent être sérieux dans le gazon, ou dans les cultures d’une planche potagère où les plants sont rapprochés. Un appétit pas piqué des hannetons !
La prévention contre les larves de hannetons
Faut-il vraiment lutter contre ces larves au jardin ?
Les hannetons ont fait les frais de la mécanisation du labour en France. Les récits assez glaçants de récoltes ravagées par ces gros coléoptères font désormais partie du passé, tout comme « les hannetonades », les campagnes d’éliminations systématiques des hannetons de l’ancien temps.
Dorénavant, leur faible nombre les rend précieux aux yeux de la faune du jardin, qui peine souvent à trouver de quoi se mettre sous la dent dans certains coins de France.
Mais je lis régulièrement sur les forums des témoignages d’envols en masse au crépuscule, et de planches potagères attaquées par les vers blancs… Que faire si je me trouve face à une arrivée massive de larves ?
La prévention, une méthode efficace
Pour éviter cette situation, je peux traiter le problème à la racine, c’est-à-dire en empêchant l’accouplement et la ponte des femelles hannetons (mai-juin généralement). Les parades nuptiales seront ainsi freinées via un piégeage d’insectes pendant leur vol, perturbant ainsi leur reproduction. Le plus simple est de les attirer avec de la lumière et de les circonscrire sous un filet avant de s’en débarrasser.
Pour éviter que les femelles pondent leurs œufs dans la pelouse, je vais bouder ma tondeuse au printemps-été : une tonte trop rase facilite le dépôt des œufs, tandis que les coléoptères ont plus de mal à pondre si l’herbe est haute.
L’autre méthode anti-ver blanc consiste à faire confiance à la biodiversité de son jardin. Savez-vous en effet quel est le prédateur le plus redoutable du hanneton ? La taupe. Bien sûr, adopter une taupe ne fait pas rêver, mais d’autres animaux s’avèrent aussi très efficaces : le hérisson, les oiseaux comme la mésange, les poules…
Les méthodes naturelles au potager contre les larves de hanneton
Les méthodes naturelles sont parfaites pour se débarrasser des nuisibles sans traumatiser les plantes et la faune du jardin.
Les méthodes mécaniques contre les larves
Comme pour les limaces, il est possible de « collecter » les grosses larves de hanneton à la main. Portez plutôt des gants. Il existe deux périodes propices pour débusquer les bébés coléoptères en sous-sol :
- Au printemps quand elles remontent pour se nourrir au plus près des jeunes racines. Si vous avez repéré des plants affaissés, binez autour de chaque végétal. Vous trouverez sûrement ces vers blancs.
- A l’automne : les larves rentrent alors en dormance. Même s’il n’est pas le plus préconisé pour l’équilibre du sol, retournez la terre de votre jardin. Vous pourrez voir les larves et vous en débarrasser.
Pensez d’ailleurs, après « récolte », à déposer les grosses larves dans une assiette dehors, poules ou oiseaux de passage apprécieront le cadeau…
Certains jardiniers recommandent de mélanger à la terre autour des jeunes plantations des feuilles de choux ou de moutarde broyées. Apparemment les vers blancs n’apprécient pas. J’avoue ne pas avoir testé, l’avez-vous fait ?
Les aides chimiques
Les nématodes Heterorhabditis bacteriophora (HB) : ce sont des micro-organismes qui colonisent leurs proies et les tuent. Pour info, ils ciblent aussi les larves d’othiorhynques, responsables des feuilles dentelées de mes arbustes. Ces nématodes se déplacent sur 1 m environ, limitant ainsi les risques d’invasion.
Autre atout : leur facilité d’usage. Ils se présentent sous forme de poudre à diluer, puis à épandre dans le sol quand sa température atteint 12°C. Procédez à l’automne mais aussi au printemps en suivant bien les instructions.
Il existe aussi une solution mise au point pour l’agriculture : le champignon parasite Beauveria brongniartii, à enfouir sous terre sous forme de granulés. Je n’ai pas essayé cette solution, le prix est assez élevé par rapport au dégât sur mes salades…
Résumons : le ver blanc du hanneton peut vivre jusqu’à trois ans dans le sol de votre potager et détruire vos racines de plantes. En cas d’infestation faible, récoltez les grosses larves de hanneton à la main après un bêchage en surface. Favorisez la présence de ses prédateurs en les accueillant dignement (nichoirs, abris à hérissons…).
En cas de grands dégâts au jardin de cet insecte, passez à l’offensive avec une solution de nématodes pour détruire les larves.