Depuis quelques années, un magnifique rosier sarmenteux à petites fleurs roses parfumées enchante mon jardin tous les printemps. Or, son pied est situé de l’autre côté de la clôture, chez mon voisin. Pour éviter que « mon » rosier ne disparaisse un jour (taille intempestive, nouvelle palissade …), j’ai décidé de le sauvegarder en le bouturant.
Voici comment j’ai procédé pour bouturer le rosier de mes rêves !
Qu’est-ce qu’une bouture ?
Le bouturage correspond à un mode de reproduction asexuée, via le clonage. Pour cela, j’enracine une partie du végétal :
· Feuille : les bégonias, le saintpaulia…
· Racine : par exemple avec les pavots (cela se rapproche de la division de racines, mais avec l’étape de l’enracinement)
· Portion de tige tendre : le pélargonium
· Rameau feuillu ou sec pour les arbustes
Pour le rosier, je procède de préférence sur rameau. Le fragment est installé dans un pot (ou dans l’eau) et produit des racines. La bouture est ensuite repiquée au jardin et devient une nouvelle plante.
Quel rosier bouturer pour maximiser ses chances ?
Je n’ai pas ciblé sans raison mon rosier grimpant : c’est celui qui a le plus de chances de reprise post-bouture. Les longues tiges sarmenteuses sont propices à l’enracinement, et il s’agit plus d’un rosier sauvage que d’une obtention récente.
Rosier ancien ou nouvelle variété ?
D’un point de vue légal, bouturer des rosiers d’une nouvelle variété n’est pas recommandé : chacune bénéficie d’un certificat d’obtention végétal et d’un droit de commercialisation de 20 ou 25 ans. Donc si je bouture ce type de rosier, je commets une contrefaçon et risque des poursuites.
Autre subtilité, les variétés récentes ne sont pas toujours assez solides pour s’enraciner, et il faudra en passer par une greffe sur un rosier sauvage. En clair, mieux vaut se focaliser sur les délicats rosiers anciens, les variétés tombées dans le domaine public, ou les sauvages : j’évite ainsi toute poursuite. En prime, je participe à la sauvegarde du patrimoine horticole.
De quel matériel ai-je besoin pour bouturer un rosier ?
Pour procéder au bouturage, la liste de courses se révèle assez succincte :
· Un sécateur
· Un cutter
· Des godets
· Un mélange de substrat spécial bouture (léger, terreau, terre et sable, perlite… )
· Un arrosoir à pomme fine ou un vaporisateur
· Facultatif : de l’hormone de bouturage
Quand bouturer un rosier ?
Sur le papier, je peux bouturer mon rosier quasiment toute l’année :
1. Sur bois sec en automne quand le rosier est en dormance
2. Sur tige semi-aoûtée (en cours de lignification) en milieu d’été après la floraison
3. Sur jeunes tiges au printemps avant la floraison
Personnellement la deuxième méthode a ma préférence. Les températures sont encore clémentes, et une tige semi-aoûtée est plus facile à manipuler qu’un fragment tendre.
Les étapes de bouturage
Je débute toujours mon bouturage par un nettoyage à l’alcool de mes outils de taille. Cette précaution évite la propagation de maladies, comme le lavage de mains au gel hydroalcoolique !
Je prélève ma bouture avec attention ; il me faut une portion de tige à 3 yeux (une vingtaine de cm pour les lianes, 10 cm pour les rosiers buissons) sur mon rosier. Je taille en biseau la base, afin qu’elle s’enfonce plus facilement dans mon pot.
Il faut ensuite « habiller » ma bouture : étonnamment, cela signifie qu’on la déshabille de ses feuilles… J’enlève d’abord celles qui risquent d’être enterrées dans le pot, et je coupe en deux celles de la partie supérieure de la tige au cutter. En conservant uniquement 2 ou 3 feuilles, la bouture évite de trop transpirer.
C’est à cette étape qu’on peut aussi utiliser de l’hormone de bouturage. J’enfonce à la moitié mes fragments habillés dans un pot rempli de substrat légèrement humidifié. Puis j’arrose plus franchement. Le rosier ne se bouture pas dans l’eau : si vous trempez la tige dans un verre, vous obtiendrez peut-être des radicelles, mais elles ne sont pas assez robustes.
Pour mettre toutes les chances de mon côté, la température est un élément clé. Je place mes pots sous châssis, serre, ou dans une miniserre) et j’aère si la chaleur est là. Je n’oublie pas d’arroser régulièrement : les godets se dessèchent vite.
Les étapes sont identiques pour les bouturages de rosiers sur bois sec (en automne) ou sur tige tendre. Dans le premier cas, j’avoue craindre un peu l’hiver lillois à faire passer à mes boutures de rosier. Dans le second, chouchouter mes jeunes tiges tout l’été n’est pas compatible avec les semis de carottes et de poivrons.
À savoir : j’ai lu des articles sur les pommes de terre et les rosiers. Plus exactement, piquer la bouture de rosier dans une pomme de terre plutôt que dans la terre faciliterait la reprise. J’avoue être assez dubitative… SI quelqu’un a testé cette méthode, dites-le moi.
Quelle reprise pour mes boutures de rosier ?
La bouture a un côté apprenti sorcier assumé : je ne suis jamais sûre du taux de réussite de mes boutures. C’est pourquoi je préfère multiplier les boutures pour obtenir a minima 2-3 plantes finales. En attendant, la patience et l’observation sont reines. 2 à 3 mois sont nécessaires à mes rosiers pour bien s’enraciner dans mon pot.
Je reste attentive à toute manifestation d’échec, comme l’affaissement immédiatement après le repiquage, le flétrissement soudain du collet, etc. En revanche, si les feuilles tombent, ce n’est pas forcément un mauvais présage : cela signifie que mon rosier se concentre sur l’enracinement.
Une fois la bouture enracinée, l’hiver est bien installé : je conserve donc au chaud mes jeunes rosiers avec mes plantes frileuses (cactées, agrumes… ) dans ma serre ou sous un tunnel hors gel.
Je plante mon rosier bouturé au printemps, quand tout risque de gelée est écarté. L’idée est de procéder comme pour une plantation en contenant. Je n’ai ensuite plus qu’à attendre tranquillement que mon rosier sarmenteux s’accroche joliment dans la tonnelle adjacente, afin que je profite de son doux parfum l’été prochain.