À la crème, en tarte ou juste nature, les fraises sont les reines des fruits rouges ! Cultiver ses fraisiers s’impose même pour le jardinier le plus néophyte, tant le goût des fruits juste cueillis reste inimitable. Le revers de la médaille, c’est que Fragaria (son nom latin) est une plante gourmande et un peu exigeante. Voici mes astuces pour réussir ses fraisiers chaque année.
Choisir les bonnes variétés de fraisiers
Bien acheter ses fraisiers
Vous trouverez, en matière de variété de fraisiers, de nombreuses classifications : précoce ou tardive, à gros fruit ou à petit fruit, de différentes couleurs, … Le plus simple est de demander conseil aux vendeurs et aux personnes auprès de qui vous allez récupérer des stolons !
Les fraisiers se révèlent vulnérables aux maladies, il vaut mieux soigner son achat. Privilégiez des barquettes de plants sains et certifiés.
Fraise remontante et non remontante
Après moult tâtonnements, j’ai enfin réussi à différencier fraise remontante et non remontante :
· Fraise non remontante : fructification regroupée en mai-juin. Les variétés de fraisiers Gariguette, Ciflorette, Belrubi en font partie… La période de plantation idéale correspond à l’automne, car le plant peut alors s’enraciner tranquillement pendant l’hiver.
· Fraise remontante : correspond à une fructification tout au long de la saison Exemples de variétés de fraisiers : Mara des Bois, Gento, Charlotte… Je les plante en début de printemps.
On regroupe aussi dans cette catégorie les fraisiers des quatre saisons, proches des fraises des bois. Leur saveur acidulée et leur fructification abondante les rendent assez incontournables. Ils ont la particularité de pouvoir être semés, et ils ne forment pas de stolons.
Pour mon jardin, cette année, je regorge de projets. Mon idée ? Repiquer à la mi-ombre mes fraisiers des quatre saisons, laisser en plein soleil une belle planche de fraisiers non remontants, à récolter en une seule fois. Et pour la gourmandise, une belle potée de fraisier remontant ‘Mount Everest’ en pot ou en jardinière le long de la terrasse. Le plus simple pour picorer !
Sol et exposition : préparer le sol et trouver l’emplacement idéal pour ses fraisiers
Besoin n°1 des fraisiers : un sol bien nourri
Le fraisier (Fragaria x ananassa) aime les terres de jardin un peu acides, bien drainées, humifères et non calcaires. Pour lui laisser une bonne chance, il vous faudra veiller à deux choses : une exposition ensoleillée et une terre riche.
L’automne venu, j’ajoute à ma parcelle du compost bien mûr. Elle se recharge ainsi au maximum pendant les mois d’hiver. Il existe aussi des engrais spécial fraisiers, à appliquer avant le repiquage d’automne ou de printemps. Je n’ai pas testé, avez-vous observé une récolte plus abondante ?
Besoin n°2 : l’exposition parfaite
Les fraises vont apprécier un ensoleillement franc au nord de la Loire, donc je leur laisse une parcelle bien exposée dans mon potager lillois. Si j’habitais au sud de la France, il vaut mieux tabler sur une légère mi-ombre, car je risque d’arroser non-stop les fraisiers dès l’été.
Les fraisiers des quatre saisons vont quant à eux privilégier une exposition plus ombragée, à l’instar des fraises des bois. Personnellement, je leur alloue un coin de potager un peu épargné du soleil direct, mais suffisamment ensoleillé quand même.
Planter des fraises en ligne et en pot
La plantation des fraisiers en pleine terre au jardin
Après quelques cycles de plantation, je me suis aperçue que planter les pieds de fraisiers sans ordre dans une parcelle ne donnait rien de bon l’année suivante. Les stolons se développent en effet de part et d’autre des plants, et le résultat est un grand fouillis.
Je préfère procéder à l’ancienne, en plantant deux lignes de fraisiers à 40 cm d’écart en chaque pied. Chaque ligne est écartée de 60-70 cm. Le bon geste pour planter est de repérer le collet, la base légèrement renflée du fraisier. Il ne faut pas l’enfouir dans la terre, ni le laisser hors-sol. J’utilise un transplantoir pour créer une petite cuvette (3 cm de profondeur max) et y planter le fraisier. Dans ce trou, ce dernier est protégé, mais pas enterré.
Combien de fraisiers planter ? La productivité est d’environ 1,5 kg / m² (soit 5 à 6 pieds), en 2 fois pour les remontants. Le seul problème : être là tout l’été ! Je ne suis pas fan de confitures de fraises, mais si vous souhaitez en cuisiner, partez sur une centaine de plants à installer. Et embauchez vos enfants pour la récolte…
Planter un fraisier en jardinière ou en suspension
Les fraisiers apprécient être en suspension, et quel bonheur de grappiller des fraises en tendant juste la main ! Le seul prérequis est de choisir un contenant de 25 cm de profondeur minimum, avec de bons trous de drainage. Soignez le support de culture : je prends un mélange terre + terreau bien riche. Je peux aussi ajouter de l’engrais spécial fraisiers (ou tomate, qui marche bien apparemment aussi).
Je suis assez tentée de tester la méthode de plantation en vogue en ce moment, qui consiste à planter ses fraisiers hors sol au printemps, dans un sac de terreau percé de trous. Si le résultat n’est pas très esthétique, il semble plutôt efficace ! À côté, un fraisier en pot ‘Mont Everest’ grimpant dans une jardinière profonde compensera la vue des sacs de terreaux plantés…
Les gestes essentiels pour la culture des fraisiers
3 gestes de base pour la culture des fraises
Pour bien chouchouter les fraisiers après les avoir plantés :
1. J’élimine les stolons pour ne pas fatiguer inutilement mes pieds de fraisiers
2. J’arrose en cas de forte chaleur : vous pouvez aussi investir dans des oyas ou dans un arrosage goutte-à-goutte.
3. Je paille mes plants : parmi les avantages, le paillage retient l’eau, facilite le désherbage et protège les fruits.
Ne faites pas comme moi en utilisant de la tonte de gazon, qui se colle aux fruits, mais prenez plutôt de la paille, de l’écorce de pin ou un film de paillage biodégradable.
Éloigner les ravageurs et les maladies
Pour avoir de beaux fraisiers, il faut éloigner les ravageurs. Chez moi, le filet anti-oiseaux à mailles fines est un impératif si je veux profiter d’au moins une fraise. Je décourage les limaces avec une coupelle de bière, lilloise oblige. Plus sérieusement, éloigner les gastéropodes reste un vrai challenge. Je teste donc diverses solutions : de la paillette de lin autour des lignes de fraises, des appâts placés un peu plus loin sous forme d’ortie ou de fraise déjà grignotée, je plante de l’ail à proximité… Et j’attends avec impatience le passage du hérisson du quartier, qui se balade dans les jardins en fonction des gastéropodes présents !
Les fraisiers peuvent également être attaqués par des pucerons, et touchés par l’oïdium, l’anthracnose, la pourriture grise … À chaque fois, j’élimine au plus vite le plant malade pour éviter la propagation de la maladie.
Anticiper les récoltes futures
Les stolons, les futurs fraisiers
S’il n’a pas contracté de maladie, un fraisier peut vivre environ trois ans sur une même parcelle. La suite est assurée par le stolon des fraisiers. Je préfère renouveler plus régulièrement encore mes fraisiers, souvent attaqués, en sélectionnant chaque année les stolons les plus vigoureux.
Ceux-ci vont ensuite être replantés en godet puis en pleine terre sur place : ils peuvent sans problème supporter les températures fraiches de ma région. En revanche, ils sont moins friands des gelées tardives, donc une protection sous tunnel peut être envisagée en mars-avril.
La serre tunnel pour hâter les fraisiers
Une expérimentation que je vais tenter, en gourmande que je suis : hâter la culture des fraises en les plaçant sous une serre. Une partie de mes stolons récupérés cet été vont rejoindre la serre, en compagnie des plants repiqués de fraisiers des quatre saisons.
Dans une atmosphère plus clémente, je peux escompter une récolte de fraises remontantes quasiment un mois plus tôt que la normale. Certains vont même jusqu’à obtenir des fraises en février grâce à une serre chauffée. Je resterai sur une culture plus raisonnable, mais quel bonheur de profiter d’une belle récolte dès le début du printemps !
En plantant les bonnes variétés, en préparant le sol au mieux, et grâce à une protection efficace des fraisiers (serre pour les variétés précoces, paillage, filet anti-oiseaux…), je pense réussir à obtenir jusqu’à 6 mois de fraises entre le potager et les fraisiers en pots de la terrasse. Bref, de quoi me procurer de nombreuses barquettes à ensevelir sous la chantilly !